Finalisé en 2007, le réacteur est autorisé à fonctionner depuis 2009. Agriculture, exploitation minière, environnement, médecine..., les recherches concernent divers domaines.
Loin des regards indiscrets, la forêt de Maâmora, à 35 km de Rabat, abrite depuis 2007 un réacteur nucléaire de recherche d’une puissance de 2 MW et dont la mise en exploitation effective date de 2009. Unique au Maroc, le réacteur est géré par le Centre d’études nucléaires (CEN), lui-même rattaché au Centre national de l’énergie, des sciences et des techniques nucléaires (CNESTEN), créé en 1986.
Composé de plusieurs unités de recherche, le site du CEN s’étend sur 25 ha dont 22 000 m2 construits. Son coût : 100 millions de dollars, dont 40% ont été financés grâce à des dons. 260 personnes y travaillent parmi lesquels plus de 70 docteurs (biologistes, physiciens, chimistes, pharmaciens, géologues, hydrologues), une trentaine d’ingénieurs et 80 techniciens bac+2 formés sur place. Tous sont marocains et 62% sont des femmes.
Grâce à ses nombreux partenariats tissés à l’international, notamment avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), basée à Vienne, et des universités étrangères ou nationales, le CNESTEN ambitionne aujourd’hui de s’intégrer au niveau régional, en renforçant notamment la collaboration et l’échange d’expérience avec les pays africains, francophones et anglophones. Chaque année, il forme une centaine de professionnels et encadre une vingtaine de thèses. Le CNESTEN produit également entre 40 et 50 publications scientifiques par an et participe à une vingtaine de manifestations de niveau international.
Si le Maroc a fait le choix d’investir dans la recherche nucléaire, c’est bien sûr pour ne pas se retrouver à la traîne. Et parce que les techniques nucléaires peuvent s’appliquer à diverses disciplines. Ainsi, le laboratoire des isotopes (atomes qui se différencient uniquement par leur nombre de neutrons) stables observe-t-il le cycle de l’eau afin de pouvoir guider les agriculteurs quant aux périodes et quantités idéales pour irriguer leurs terres. De même, cette unité est capable de mesurer le débit hydrique et la salinité d’une nappe phréatique et de quantifier le temps de séjour de la source alimentant la nappe. Autrement dit, la technique employée permet de suivre le niveau de remplissage de la nappe phréatique concernée et d’évaluer si elle est polluée, ou non. Fierté de l’équipe, les résultats d’une étude concernant plus de 10 bassins marocains ont abouti à la réalisation du premier atlas d’hydrologie isotopique jamais réalisé à l’échelle d’un pays. Cerise sur le gâteau, le laboratoire a été reconnu par l’AIEA comme centre d’excellence d’hydrologie isotopique pour le continent africain.
L'unité teste la production d’iode 131, de technétium 99 m et de thallium 201 utilisé dans la médecine
Le CEN abrite également une unité de radio-écologie et de datation. Sa mission consiste à étudier les milieux marins, le phénomène d’érosion des sols et l’exploitation des phosphates et de ses dérivés. Concrètement, en analysant un échantillon marin, le laboratoire peut déterminer la nature des polluants qui s’y trouvent, s’ils sont radioactifs ou non et la vitesse de sédimentation. Cette équipe a d’ailleurs pu déterminer que les quelques traces de radioactivité artificielle mesurées au Maroc proviennent très certainement des essais nucléaires exercés par la France au début des années 60 dans le désert algérien, et non de l’explosion de la centrale de Tchernobyl en 1986. Le CEN dispose aussi d’une unité de surveillance de l’environnement, chargée quant à elle de mener une vérification radiologique systématique de l’environnement ambiant du site du CEN. Elle peut également intervenir dans le cas de plans d’urgence radiologiques.
La technique nucléaire va plus loin, à l’instar de l’unité d’application médicale et biologique qui a entamé début 2010 ses premiers essais dans le domaine de la production d’isotopes. L’unité de la Maâmora teste la production d’iode 131, de technétium 99 m et de thallium 201. Ces isotopes sont les principaux éléments utilisés dans la médecine nucléaire. Ils permettent en premier lieu de diagnostiquer une maladie grâce à la scintigraphie qui consiste à administrer dans l’organisme des isotopes radioactifs dont les rayonnements émis, après captation par les organes à examiner, seront détectés par imagerie médicale. Cette technique permet surtout de traiter les pathologies thyroïdiennes par ionisation, certains cancers et métastases osseuses. Une fois élaborés, ces isotopes sont acheminés vers le laboratoire du contrôle de la qualité, indépendant de la production, afin de vérifier la conformité avec les critères internationaux en vigueur. Par la suite, les produits finis peuvent alimenter les cliniques et centres hospitaliers universitaires (CHU). Pour l’heure, l’unité en est à ses premières tentatives. Et son objectif est moins de commercialiser à titre purement lucratif ses produits que de mettre à niveau le Maroc en matière de recherche dans le domaine.
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